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14-18 : nouvelles du front
14-18 : nouvelles du front
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30 juin 2008

14-18 aux éditions Italiques

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Ma dernière relève au bois des Caures / Marc Stéphane:
Le nom de Marc Stéphane évoque surtout Ceux du trimard, un chef-d'œuvre qui, avant le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, a donné au langage parlé, au langage du peuple, un statut littéraire.
Ce roman, qui flirta avec le prix Goncourt en 1929, révélait une personnalité hors du commun. Anarchiste par tempérament plus que par idéologie, farouchement indépendant, définitivement rebelle à tout ordre établi, écrivain à l'humeur vagabonde, à la plume féconde et haute en couleurs, Marc Stéphane était aussi l'homme des coups de tête et des coups de cœur. Pacifiste et antimilitariste, il s'engage pourtant en 1914 (à 44 ans) et pas pour faire de la figuration : c'est aux premières loges, dans les tranchées devant Verdun parmi les chasseurs du légendaire colonel Driant, que l'on retrouve, en février 1916, celui qui se proclamait un désillusionné doublé d'un ennemi du peuple et des lois " l'un des rares miraculés de la terrible attaque allemande, celui que ses jeunes frères d'armes surnommaient affectueusement " grand-père " sera fait prisonnier, et c'est en captivité qu'il écrira Ma dernière relève au bois des Caures.
Le résultat : un Marc Stéphane très en verve, débordant d'invention pour souligner d'un rouge ironique et vengeur la bêtise de l' " ubureaucratie " et du commandement en chef, mais toujours attentif au détail humain, du plus drôle au plus émouvant et au plus tragique. C'est avec une belle sobriété que Marc Stéphane évoque par contre la figure du colonel Driant, auquel il reconnaît autant d'humanité, de franchise et de courage que de naïveté, et les pages où il décrit le quotidien des " tranchériens " offrent une vision de la guerre bien différente de celle que propageaient alors les officines de " bourrage de crâne " Pour toutes ces raisons, ce livre jamais réédité depuis 1929 reste l'une des chroniques les plus justes et libres d'un des épisodes phares de la Grande Guerre.
Ma dernière relève au bois des Caures sera une vraie révélation pour les passionnés d'histoire et de littérature, et une occasion pour tous de découvrir une œuvre libre et forte, d'une verdeur splendide, qui n'a pas fini de nous tenir en haleine ".

Dix mois à Verdun / Abbé Charles Thellier de Poncheville :
Il fut la lumière de l'espérance dans l'enfer de Verdun. Aumônier-brancardier de la 28 DI, l'abbé Charles Thellier de Poncheville a laissé une image quasi légendaire dans la mémoire des survivants de la terrible bataille. Ne ménageant jamais sa peine, méprisant le danger, il surgissait la où les poilus souffraient dans leur chair et désespéraient dans leur âme, leur prodiguant secours et consolation. Ce grand prédicateur, dont le philosophe Jean Guitton nous a laissé un portrait plein de révérence, a raconté dans ce livre ce que fut son apostolat durant les dix mois qu'il passa en première ligne, de février 1916 à janvier 1917.
Peu d'ouvrages allient de façon aussi impressionnante la vérité, parfois effrayante, du témoignage et la noblesse du ton. Il fallait sans do être aussi absolument, aussi intégralement chrétien que l'était Poncheville pour regarder en face avec autant d'abnégation, de compassion et, disons-le, d'amour, l'humanité dans sa misère et sa déréliction. Mais on verra aussi, à la lecture de ces souvenirs, que ce prêtre, de la race dont on fait les grands saints, était un homme dont le simple commerce apportait un formidable réconfort aux poilus comme à leurs chefs.
En témoigne ce portrait que brosse de lui l'un de ceux qui l'ont côtoyé dans la tranchée : " Une causerie verveuse, spirituelle, bondée de faits, où l'intérêt du fond lutte avec élégance de la forme et le charme de la distinction. Une ironie fine, qu' émousse avec charité sa foi chrétienne. A l'égard du plus minime, une politesse de grand seigneur. Comme soldat, un courage impeccable, souriant, tranquille, une égalité d'héroïsme égale à son égalité d'humeur ".
On ne pouvait mieux présenter ce livre qui est le reflet de l'homme, ni plus ni moins

Il revint immortel dela grande bataille : carnets de guerre 1914-1919 / René Germain :
Le 28 mai 1917, l'aspirant René Germain se présente " tout joyeux " au commandant de sa nouvelle unité, le légendaire RICM, Régiment d'infanterie coloniale du Maroc.
Malgré son âge (22 ans), ses états de service et ses galons gagnés au feu en Argonne (août 1915), en Champagne (septembre 1915), dans l'Oise et dans la Somme (mai 1916), lui valent aussitôt le respect des " marsouins ", souvent plus vieux que lui, qu'il va conduire au combat. Chemin des Dames (juin 1917), Malmaison (octobre 1917), Butte du Mesnil (septembre 1918) en passant par Canny-sur-Matz dans l'Oise, où le RICM arrête la première offensive allemande du printemps 1918 et où le lieutenant Germain glane une troisième et avant-dernière étoile pour sa Croix de Guerre autant d'étapes sur des sentiers de la gloire qui mèneront le jeune Savoyard jusqu'en Rhénanie occupée, avant une démobilisation très attendue mais finalement frustrante, prélude à soixante-dix longues années de vie civile dont " aucune journée n'aura l'éclat d'un seul de ces jours de souffrance et de tonnerre " passés dans la fraternité des armes et le vacarme de la grande tourmente.
Rédigés à partir des notes prises au jour le jour et illustrés par les photos et les croquis réalisés sur les lieux mêmes de l'action, les Carnets de guerre de René Germain nous font vivre l'enfer des tranchées mais aussi l'exaltation de l'assaut - ces moments terribles où se jouent, en quelques secondes, la vie des hommes et le sort des batailles -, et partager, dans sa grandeur et sa misère, le quotidien des poilus d'une troupe d'élite - le RICM - dont le drapeau est aujourd'hui encore le plus décoré de France, mais dont le rôle en 1914-1918 était resté jusque-là trop méconnu.
Ecrit d'une plume alerte et joliment naturaliste, le récit de Germain évite les deux grands écueils du genre : la complaisance (il ose parler de " boucherie " dès 1915 !) et la dénonciation. Et si l'on ne peut douter du patriotisme d'un officier qui, en 1919, après quatre ans de guerre (et quelle guerre !), est prêt à reprendre le combat si l'Allemagne ne signe pas le traité de Versailles, ces sentiments, alors partagés par l'immense majorité des Français, sont tempérés par un féroce esprit critique et un sens de l'humour qui jaillit en étincelles au plus fort de l'horreur.
Des qualités littéraires et humaines rares, qui font des Carnets de René Germain un témoignage bouleversant et unique sur la Grande Guerre, au même titre que ceux de Maurice Genevoix, Henri Barbusse, Etienne Tanty ou Ernst Jünger.

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